

Jérôme Blin
Si Henri IV a été baptisé au jurançon, Jérôme Blin l’a été au sancerre. C’est en effet au pied de cette célèbre butte vigneronne (Sancerre pas Montmartre !) qu’il a grandi, sur les bords de Loire. Lycéen chauvin à Bourges, fasciné par « la plus belle cathédrale gothique », il quitte sa province berrichonne à 18 ans pour des études de sciences politiques et d’histoire à Paris. Un temps contractuel au service de presse du Quai d’Orsay, il en profite pour sillonner le Bassin méditerranéen et l’Asie. Il opte alors pour le journalisme et entre en 2002 au magazine Pleine Vie. Il y reste jusqu’au rachat du groupe Mondadori en 2019, d’abord comme chef de rubrique puis chef de service. Responsable du 15 à 20 pages mensuelles sur le tourisme et très impliqué sur le site Internet, il parcourt avec passion la France et le monde. Toujours en quête d’une destination émergente, d’une ville oubliée ou d’un bon plan hôtelier. Cet esprit l’anime plus que jamais et le fait désormais collaborer à différentes publications, en particulier sur le web. Sa région de cœur ? Le Centre-Val de Loire bien sûr !
Mais... ce serait pas la perle rare, si difficile à dénicher à Paname ? Il semble bien, tellement ce discret petit boutique-hôtel 4 étoiles collectionne les éloges ! Dès l’espace d’accueil et les parties communes, il est tendance au niveau déco avec du mobilier vintage, une touche chaude et industrielle (béton ciré, cheminée rétro, plein de luminaires au plafond). L’accueil vous emballera direct, le personnel est impec, drivé par une directrice au top niveau. Les 30 chambres sont spacieuses, bien insonorisées, équipées d’une literie de qualité, d’une tablette et d’une télé avec Chromecast et Netflix. La nouveauté 2021, c’est l’ouverture d’un spa-hammam doté d'une jolie carte de soins et massages. Et côté resto, pas de lassitude ! Grâce à un accord avec « For the Love of Food » (un incubateur de jeunes cuistos), le ou la chef(fe) change tous les trois mois. Rassurez-vous, l'esprit reste le même : cuisine plutôt exotique, créative, goûteuse et colorée, en version dîner, salle ou terrasse sur rue, et en brunch. Le tout s’accompagne d’un tarif sympa et de bons produits au petit-déj’. Que demander d’autre ? Un chouette quartier peut-être… Eh ben c’est le cas : la rue Oberkampf est juste au coin, idéale pour traîner en terrasse, casser la croûte et boire une pinte jusqu’au bout de la night.
Soyons un peu vache : la déco est somptueuse, mais elle ne matche pas avec le nom de l’hôtel. Des tas de commentaires tentent de raccrocher les wagons, ou plutôt les artistes nabis (entre 1888 et 1900), en évoquant la Belle Epoque et l’Art nouveau. Mais non ! L’ambiance de l’hôtel, c’est celle de Gatsby, du clinquant et des lignes simples de l’Art Déco. Et elle est même hyper réussie, avec des rajouts fin XIXe en référence aux ex-maisons closes du quartier et une petite touch sixties voire seventies. Dans le salon, le bleu et l’or dominent tout : les murs moirés, les rideaux, les poufs à passementeries, les fauteuils bas et la banquette centrale, les miroirs, les appliques. Un ensemble chargé, façon boudoir décadent assumé, qui en jette un max, comme dans un tableau bourgeois. Sous la verrière de la salle des petits déjeuners, le velours bleu évolue vers le violet et le vert, sans que retombe le côté fastueux. Les 30 chambres, à peine plus sages, se répartissent sur six étages. Chacun est associé à une pierre précieuse et à une couleur dominante, comme le diamant noir et l’opale jaune. Paravent asymétrique en tête de lit, motifs géométriques ou végétaux, salle de bain en marbre… Tout ça n’est pas vraiment nabi mais assurément chic et raffiné.